Plus de 250 ans d’histoire

Depuis plus de 250 ans, l’Académie de marine, les yeux fixés sur l’horizon, regarde vers l’avenir et se mobilise pour faire connaître le monde maritime et son évolution.

1752
La fondation

L’Académie de Marine naît en 1752, au milieu du XVIIIe siècle, ce qui n’est pas anodin. En effet, cette époque voit apparaître l’un des principaux bouleversements de la pensée européenne. Avec le siècle des Lumières, un immense enthousiasme secoue le vieux monde, désormais plus attaché au développement des sciences et à la découverte de la nature matérielle des choses.

La Marine trouve tout naturellement sa place dans ce mouvement général, au sein duquel s’épanouit l’esprit humain. Ainsi, dès 1746, le capitaine de vaisseau Sébastien-François Bigot de Morogues, spécialiste de l’artillerie de marine, de la tactique navale, et de la santé des équipages, mais aussi membre correspondant de l’Académie des sciences, réunit régulièrement chez lui des personnalités aux expertises complémentaires. Ce sont en effet des officiers de Marine, des médecins, des ingénieurs, ou encore des constructeurs de navires. Ardents défenseurs de l’esprit scientifique, ils poursuivent un objectif : étudier ensemble les problèmes techniques et militaires auxquels ils sont confrontés dans leurs métiers respectifs. De leur réflexion commune naissent de nouveaux outils et de nouvelles méthodes.

Le 30 septembre 1752, Antoine-Louis Rouillé, secrétaire d’État de la Marine, propose au roi Louis XV la création, à Brest, d’une « Académie générale pour tous les ports », première dénomination de l’Académie actuelle. Pour ce groupe d’experts passionnés par l’univers et les perspectives de la Marine, c’est une consécration officielle. Dès son origine, la nouvelle Académie tisse des liens étroits avec l’Académie des sciences, fondée depuis 1666. L’exemple le plus éloquent à cet égard est l’inspecteur général de la Marine, Henri-Louis Duhamel du Monceau. Membre des deux académies, il a participé activement aux réunions organisées par Bigot de Morogues. En outre, de la fondation de l’Académie en 1752 jusqu’à sa suppression en 1793, sur ses cent quatre-vingt-treize membres, on ne comptera pas moins de trente-six titulaires ou correspondants de l’Académie des sciences.

1763-1793
Entre fragilisation et disparition

Au cours de la guerre de Sept Ans, l’Académie va connaître un relatif déclin. Une explication à cela : beaucoup de ses membres sont des officiers de Marine, absorbés par le conflit où certains laisseront leur vie. Toutefois, en 1769, le duc César-Gabriel de Choiseul-Praslin, secrétaire d’État de la Marine, redonne un nouveau souffle à l’Académie sous le titre nouveau d’« Académie royale de Marine ». Ses liens se reconstituent et se renforcent encore avec l’Académie des sciences jusqu’à son affiliation à celle-ci en 1771. Parmi ses membres les plus éminents, on trouve le chevalier Jean-Charles de Borda, Louis-Antoine de Bougainville, Charles-Pierre Claret de Fleurieu, Eustache Bruix, étroitement associés à la guerre de l’Indépendance américaine. Mais la Révolution entraîne de nombreux bouleversements : le décret du 8 août 1793 signe ainsi la fin de toutes les académies, assimilées à des corporations dans un discours du peintre David. Un propos repris par l’abbé Grégoire, pourtant fondateur du Conservatoire des Arts et Métiers.

1795-1920
Des tentatives de renaissance

Le 22 août 1795, la Constitution de l’an III crée l’Institut de France qui reconstitue, plus ou moins, les académies de l’Ancien Régime, deux mois après avoir créé le Bureau des Longitudes, sans toutefois mentionner l’Académie de Marine. Néanmoins, dès sa fondation, l’Institut accueillera une dizaine d’académiciens de marine éminents, en particulier Bougainville.

Pierre-Alexandre Forfait, ministre de la Marine sous le Consulat, puis le baron Charles-François Dupin, tous deux membres de l’Académie des sciences, s’efforcent, l’un après l’autre, de ressusciter l’Académie de Marine. Mais leurs tentatives échouent et l’éclipse de l’Académie de Marine dure plus d’un siècle. Toutefois, pendant cette longue période, nombre de marins trouvent leur place dans les rangs de l’Académie des sciences et de l’Académie française. Citons, à titre d’exemples, le capitaine de frégate Louis-Isidore Duperrey, les amiraux François-Edmond Pâris, Abel-Nicolas Dupetit-Thouars, les ingénieurs Charles-François Dupin, Pierre Daussy, ou encore le capitaine de vaisseau et romancier Julien Viaud alias Pierre Loti.

1921
La renaissance au sein de la Ligue maritime

Pourtant méconnu par les chefs militaires de la guerre de 1914-1918, le rôle essentiel de la Marine pour assurer la survie de la nation pendant cette période sera admis ensuite. Dès lors, durant les années d’après-guerre, sous l’action conjuguée de personnalités comme Charles Chaumet et d’Adolphe Landry, ministre de la Marine de septembre 1920 à janvier 1921, l’Académie de marine renaît. La séance inaugurale se déroule le 28 octobre 1921 à la Sorbonne, en présence du président de la République, Alexandre Millerand. Adolphe Landry devient le premier président de la nouvelle institution. Parmi ses membres, on peut citer Maxime Laubeuf, Charles de La Roncière, Paul de Rousiers, Yves Le Prieur, Paul Langevin, Raoul Castex.

Cette renaissance en 1921 se fait tout d’abord au sein de la Ligue maritime et coloniale. La nécessité de développer des communications avec un empire de plus en plus important s’impose en effet et le rôle de l’Académie s’élargit naturellement aux « autres marines ».
Dès 1921, l’Académie commence ses activités : organisation de conférences, attribution de prix aux lauréats des concours qu’elle lance et, à partir de 1922, publication de ses travaux dans les Communications et mémoires. Elle conduit en outre des études sur des sujets qu’elle choisit.

À partir de

1927
Six implantations successives

Au sein de la Ligue maritime, l’Académie connaît certaines contraintes : ses membres doivent être aussi membres de la Ligue et elle n’a pas l’autonomie financière. Le décret du 9 mars 1927, signé par le président de la République, fait alors évoluer sa situation : le « caractère d’établissement public d’État, doté de la personnalité civile » lui est reconnu et son siège se situe désormais au ministère de la Marine. D’autres difficultés apparaissent toutefois : les membres ne trouvent pas toujours l’espace nécessaire à la tenue de leurs réunions ni à la conservation des archives de l’Académie de Marine de Brest.

Aussi, dès 1929, l’Académie s’installe dans l’immeuble qui abrite alors le service historique de la Marine, avenue Octave Gréard. Suivent des emménagements au 20 avenue Deschanel, puis, en 1991, à l’École militaire. Enfin, en 2021, cent ans après sa renaissance, elle est installée, pour 40 ans, à l’Hôtel de la Marine, rue Royale, dans une partie des locaux occupés de 1799 à 2015 par le Ministère, puis l’État-Major de la Marine ; elle maintient la tradition maritime de l’immeuble.

1977 et 1991
Une organisation simplifiée

Le décret du 27 janvier 1977 ramène le nombre de sections à six au lieu de neuf en 1947 : marine militaire, marine marchande, sciences et techniques maritimes, navigation et océanologie, histoire, lettres et arts maritimes, droit et économie maritimes. Le nombre des membres passe de 70 à 86, dont 20 associés étrangers. On peut citer parmi eux : Michel Mollat du Jourdin, Edouard Peisson, l’amiral Bernard Louzeau, Roger Brard, Charles Offrey, Alain Parrès-Dupuy de la Grand’Rive, Michel Paraiso, Éric Tabarly, Jean-Baptiste Charcot…

Par le décret du 2 avril 1991, modifié deux fois ensuite, de nouvelles dénominations sont attribuées à certaines sections, afin de mieux refléter les missions de l’Académie.

Parallèlement, par ce décret, est créé le statut de membre honoraire, qui permet de renouveler plus rapidement les cadres de l’Académie. Dans un domaine qui évolue vite, c’est là un atout certain. Par ce même texte, l’Académie accueille également des invités permanents auditeurs, qui participent à ses activités et élargissent son champ de compétences.

Aujourd’hui, le statut de l’Académie de marine est régi par le décret n°2008-1219 du 25 novembre 2008 modifié en 2012 et 2020.

2020
Sous la protection du président de la République

Le décret n° 20-941 du 30 juillet 2020 marque une étape décisive pour l’Académie de marine : elle est désormais placée sous la protection particulière du président de la République. À l’occasion du centième anniversaire de la renaissance de l’Académie, le Président a du reste souligné son intérêt sincère pour ses travaux et études.

Académie de marine

Hôtel de la Marine – 4 rue Royale 75008 PARIS - FRANCE

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