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La Lettre de l’Académie de marine #12

Éditorial du président :

Le colloque de l’Académie de marine qui s’est tenu le 27 mars dans le magnifique amphithéâtre du Musée de la marine était cette année consacré à « Apprendre la mer ». Pourquoi ce thème plutôt que l’un des nombreux sujets d’une actua- lité déferlante. Parce que l’Aca- démie, au-delà de l’instantanéité, travaille sur le temps long, celui de la construction d’une ambition maritime pour la France, puissance crédible et écoutée dans le concert des Nations.

Or, « ni les finances, ni les sous-marins ne garantissent la grandeur d’une nation s’il lui manque sa force morale, la capacité d’engagement et de dépassement » déclarait le Président de la République le 27 novembre 2023.
Cette force morale c’est la conscience maritime collective, ouverte aux choses de la mer, à ses richesses et à ses fragi- lités, inspirée par l’esprit d’aventure des grands navigateurs, admirative des beautés de l’Océan décrites par les peintres et les écrivains, enthousiaste à relever les défis de demain.

Le colloque était composé de trois parties: l’apprentissage à l’école, la formation professionnelle et l’éducation des consciences.

Enseigner la mer à l’École, c’est la question du sens des enseignements car la mer est une école. C’est concevoir et enseigner une dimension d’ensemble, qui permette de tracer une ligne de mer, dans, par, pour toutes les matières. Depuis dix ans, sous l’autorité de l’Inspection générale de l’Éducation nationale, les questions relatives au monde maritime (géogra- phie des mers et des océans, histoire maritime, géopolitique, ports, transports…) sont entrées en force dans l’enseignement, du secondaire aux classes préparatoires aux grandes Écoles. Quelques 45000 enseignants d’histoire et de géographie du secondaire ont été formés à ces questions, en formation initiale ou continue.
Enseigner la mer à l’École, c’est aussi mobiliser les partenaires de l’Éducation nationale, à commencer par la Marine Nationale, ainsi que des institutions d’intérêt public au rôle pédagogique comme l’Institut océanographique Paul Ricard, le musée de la Marine ou encore la Cité de la mer, monument préféré des Français en 2022.

Apprendre la mer, c’est délivrer les formations maritimes nécessaires pour relever les défis de la science et des nouvelles technologies et maintenir l’attractivité de métiers réputés diffi- ciles. Car si l’enseignement maritime est la plus vieille institution de formation professionnelle, les contraintes de la vie en mer sont toujours une réalité, et des efforts permanents sont à faire pour convaincre les jeunes à s’intéresser à des professions qui exigent des compétences techniques approfondies mais dont la dimension humaine est essentielle.

La mer a également besoin d’ouvriers, de techniciens, d’ingénieurs et de chercheurs. Ces marins « à terre » doivent aussi avoir une connaissance intime du milieu et de ses exigences qui passe par des périodes d’embarquement. Passion ou raison, volonté de servir ou attrait de l’aventure, intérêt pour comprendre un monde complexe et inconnu, ambition de contribuer à une économie d’avenir, les motivations pour se tourner vers la mer ne manquent pas et ses métiers exigent une formation, initiale et permanente, d’excellence. L’océan bénéficie aujourd’hui dans la conscience collective d’une poussée d’intérêt. Son rôle dans le changement climatique, la richesse et la fragilité de sa biosphère sont mieux perçus mais souvent biaisés par des discours émotionnels. La compréhension scientifique des sujets environnementaux et des enjeux économiques, diplomatiques, de sécurité nécessitent une pédagogie qui s’oppose au brouhaha médiatique. La jeunesse doit être une cible prioritaire de l’action de sensibilisation à travers la mise en contact concrète et sensible avec la mer, particulièrement vers les territoires qui en sont géographiquement ou sociologiquement éloignés. Elle doit prolonger l’action de l’éducation nationale avec un recours ciblé aux réseaux sociaux.

Les organisations maritimes (Marine nationale et établissements publics, syndicats professionnels, fondations et associations) qui maillent le territoire national doivent combiner leurs réseaux, organiser des actions communes et renouvelées, irriguer le monde des media, afin de faire entrer davantage la mer dans les entreprises, les cités, les clubs. La conviction et l’accompagnement d’un nombre croissant de parlementaires reste une priorité car ils portent, dans chaque circonscription, y compris dans les plus éloignées du littoral, la vision de l’intérêt national pour « un siècle qui sera maritime ».

Que toute la communauté maritime soit sur le pont pour l’« Année de la mer » qui démarrera en septembre prochain et préparera la conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC) qui se tiendra en France en juin 2025 ! L’Académie de marine, pour sa part, s’y engage.

Alain Bovis
Président de l’Académie de marine

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1 mars 2024

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