Le mot du Président
En ce printemps encore incertain, l’Hôtel de la Marine doit ouvrir ses portes à l’Académie de marine.
Tout porte à croire que cette fois sera la bonne et que cette installation ne sera pas à nouveau reportée en raison du retard pris par cet immense chantier de rénovation, contrarié par la situation sanitaire.
Ce transfert depuis l’Ecole militaire, nous le devons à la décision du Président Sarkozy, prise en 2011 sur proposition de la commission présidée par le Président Giscard d’Estaing.
Souvenons-nous des multiples projets examinés six mois durant sous la houlette de l’ancien Président de la République.
Membre de la commission en qualité de représentant du ministère de la Défense, je peux témoigner de la richesse aussi bien que de la diversité des débats, chacun y allant de sa propre analyse, exprimant sa propre sensibilité et formulant ses propres propositions.
« Le Parisien » a pu ainsi écrire un temps que le projet tanguait entre le public et le privé.
En réalité – j’en suis témoin – le Président, marmoréen à l’occasion, voulait que l’Etat reste maître des lieux.
Il me souvient qu’à l’issue d’une étrange audition durant laquelle il ne dit mot, il s’est levé et, s’adressant au promoteur concerné, déclara tout de go : « Monsieur, la France n’est pas à vendre ».
Fermez le ban. Raccompagnement glacial jusqu’à la sortie du salon.
Et un ancien ministre de la Culture, embarqué dans cet improbable équipage, en fut fort marri.
Une fois définie la ligne de démarcation, il restait d’abord à faire en sorte que l’héritage de la Marine reste dans les mémoires : le maintien de l’appellation « Hôtel de la Marine » a rapidement recueilli un large consensus.
Nous étions aussi attentifs au fait que la mer ne se retire pas complètement devant la marée montante des autres ambitions.
Si l’accostage de cet immense paquebot se fit entre les mains du Centre des monuments nationaux dont nul ne pouvait contester la légitimité et le savoir-faire, la présence de l’Académie de marine s’est quant à elle imposée de manière naturelle : société savante, aux compétences transversales nourries par des « professionnels de la mer du troisième type » : amiraux, universitaires, chefs d’entreprises, scientifiques, ingénieurs, historiens, gens d’arts et de lettres, juristes…, n’était-elle pas la vitrine toute désignée du monde maritime dans cet écrin patrimonial et de mémoire exceptionnel ?
Portant haut le bleu de la mer et la conscience de ses enjeux, l’Académie de marine entamera ainsi sous les meilleurs auspices l’année du Centenaire de sa refondation à la Sorbonne en 1921.
Souhaitons lui bonne mer et bon vent.
Xavier de la Gorce
Président de l’Académie de marine