One Ocean Summit : pour une prochaine rencontre
À l’initiative du président de la République, un sommet de l’océan (« one ocean summit ») a été récemment organisé à Brest. Il a réuni quarante chefs d’État et de gouvernement ainsi que la « société civile » : entreprises, ONG et autres personnalités maritimes ou organismes d’étude (think tanks) pour relancer un agenda international de l’océan largement suspendu après deux années de crise sanitaire.
Ce fut un succès au plan diplomatique par le nombre des États représentés et la qualité de leurs engagements ainsi que par la large couverture médiatique.
Quelle descendance pour l’OOS: a-t-il un avenir dans la galaxie des organisations publiques et privées qui traitent de la mer dans une foule d’évènements et de rencontres à géométrie variable ? Ne faudrait-il pas au contraire élaguer, concentrer les débats et décisions dans des enceintes limitées. La pratique de l’OSS répond en fait à la prise de conscience récente par l’opinion de trois phénomènes : le rôle central de l’océan dans le climat (puits de carbone et producteur d’oxygène); la découverte que la biodiversité marine doit être mieux connue et préservée; enfin, la conséquence tragique du déversement monstrueux des plastiques dans l’océan; la convergence de ces enjeux est à l’esprit de tous. Cette prise de conscience naissante doit encore s’ancrer dans les opinions publiques pour qu’elles jouent pleinement leur rôle de levier d’action auprès des décideurs. Elle doit être relayée sur la durée par de multiples canaux, largement médiatisée pour y parvenir. Ces débats multiformes contribuent par ailleurs à renforcer le multilatéralisme, de plus en plus malmené dans le monde par les crises géopolitiques ou les tentations de repli national. Le cadre multilatéral est le creuset où s’expriment le mieux les enjeux maritimes.
Des évènements tels que le one ocean summit à l’instar d’autres initiatives comme la Monaco Ocean Week ont encore toute leur place avant de se fondre dans un mouvement de simplification et de remise en ordre nécessaires des structures de la gouvernance de l’océan. Certains au sein même de notre Compagnie préconisent la création d’une COP Océan sur le modèle bien connu des COP Climat et Biodiversité qui jouent un rôle d’innovation et fédérateur.
L’OOS a par ailleurs la particularité d’être une initiative européenne prise par la France exerçant la présidence du conseil de l’Union européenne. L’Europe a souvent accéléré et dynamisé les négociations internationales maritimes (voir la sécurité maritime). L’OOS pourrait servir de modèle. On pense notamment à l’élimination des plastiques qui doit faire l’objet d’un projet de texte international. Le passage par des lieux de brassage des responsables et des idées tels que le One ocean summit est un préalable obligé.
Édouard BERLET et Jean-Louis FILLON de l’Académie de marine
